Ma rentrée…

3 septembre.

A 8H40 ce matin sur France Musique, ma première chronique dans la matinale de Jean-Michel Dhuez…

Et ce sera comme ça jusqu’à Noël… « Sans tambour ni trompette », un livre coup de coeur chaque mardi…

Heureuse de continuer à partager avec vous…IMG_3801

« Des jours parfaits »… par Valérie Trierweiler, Paris Match.

CHRONIQUE

FOLLES PASSIONS

Le 24 mai 2013 | Mise à jour le 24 mai 2013

Avec son septième roman, Annie Lemoine évoque la rupture amoureuse sans tomber dans les pièges d’un genre littéraire déjà tellement emprunté.

Devenir écrivain est le rêve caché de tout journaliste, ou presque. Mais suffit-il d’écrire une fiction pour prétendre au glorieux titre ? Certes pas ! Annie Lemoine aura réussi ce passage ô combien difficile entre l’écriture journalistique et celle qui sied à la littérature. La journaliste que nous avions coutume de regarder à la télévision il y a quelques années faisait preuve de talent et d’humour. Aux côtés de Philippe Gildas dans « Nulle part ailleurs » sur Canal+, puis plus tard avec Marc-Olivier Fogiel et Laurent ­Ruquier, elle n’avait pas encore franchi le cap. Il faut attendre 2003 et un récit sur son parcours dans la petite lucarne, « En clair, comme à la télé », pour la lire. Mais ce n’est qu’en 2005 qu’elle publie son premier roman.

Huit ans plus tard, avec une régularité presque exemplaire, Annie Lemoine nous offre le septième. Le dernier, nous apprend-elle, du cycle sur la passion amoureuse qu’elle avait entamé avec « Vue sur mer ». Sans doute n’imaginions-nous pas le côté mélancolique de cette femme, davantage marquée par la joie de vivre. « Des jours parfaits » est le récit imaginaire d’une folle passion entre un homme marié, ­Niccolo, sicilien, et une femme célibataire, Ninon, française. Une jeune fille découvre à la mort de sa mère un carnet intime qui révèle l’intrigue. Elle comprend alors que sa naissance est le fruit de cette rencontre demeurée secrète. Rien de très original dans le procédé. Mais c’est justement là où le talent d’Annie Lemoine intervient. Dès la première page, dès les premiers mots, dès la première phrase – longue, très longue –, le lecteur comprend qu’il s’agit non pas d’une histoire d’amour mais d’une rupture.

UNE ÉCRITURE PLEINE DE DÉLICATESSE

De celles dont on ne se relève pas, ou si mal. « Tu pourras bien le mettre à terre, cet amour-là, l’écraser, l’étouffer, lui donner des coups de poing, de couteau, tenter de l’étrangler, lui jeter des pierres, le piétiner encore et encore, ne plus jamais le regarder en face, chercher à le tailler en pièces ou le réduire en cendres, l’humilier, lui cracher au visage et le traiter de tous les noms, ne plus le nommer, le nier, dire à d’autres qu’il n’existe pas, qu’il n’existe plus, qu’il n’a même jamais existé. Ne t’illusionne pas, ne te leurre pas, n’espère pas, tu ne seras à aucun moment plus fort que lui. »

La rencontre est improbable – comme souvent –, le coup de foudre quasi immédiat – comme rarement. Les deux êtres se découvrent, s’aiment des heures durant dans des chambres d’hôtel aux volets clos. Annie Lemoine décrit les atmosphères à la perfection. Comme les lieux. Mieux encore, la restitution des sentiments et la magie des instants de rencontre après les longues absences. Sublime idylle préservée de tout quotidien, pas davantage assombrie par de vulgaires contingences. Et puis, il y a ce goût pour l’art que ce couple, qui n’en est un que pour les inconnus, partage. Vient subitement la décision de l’un, imposée à l’autre. La rupture. Le silence. L’absence. « Je me doute que le chemin sera long, difficile. Je vais côtoyer les gouffres, il me faudra savoir marcher près du vide quand j’aurai le vertige. Je te ferai la démonstration éclatante de mon amour. Tu en seras impressionné. Dans l’immensité du vide, tu trouveras les preuves de cet amour infini. » La passion, relatée dans une belle écriture soignée et pleine de délicatesse, apparaît sous forme d’adresse. Passe enfin cette période où « le manque brûle tout, embrase tout, ne laisse aucune pensée cohérente sur son passage ». Annie Lemoine poursuit le travail de reconstitution par la publication des lettres de Niccolo envoyées lorsque la plaie s’est à peine refermée, après des années de souffrance. Il n’est pas donné à tout écrivain de réussir un livre sur la passion. Il y en a tant ! Annie Lemoine y est parvenue grâce à sa plume teintée d’une très grande sensibilité.

« Des jours parfaits », d’Annie Lemoine, éd. Flammarion, 187 pages, 17 euros.

http://www.parismatch.com/Chroniques/Valerie-Trierweiler/Folles-passions-516341

« Des jours parfaits » a sa première critique…

J’ai aimé rencontrer une écriture dès les premières phrases, un souffle, entrer immédiatement au cœur de l’histoire. Les références, distillées avec parcimonie m’ont enchanté: Ces yeux qui font baisser les miens un vers qui appelle, pour ceux qui connaissent la chanson, les mots qui arrivent deux vers plus loin: voilà le portrait sans retouche. Et voilà l’autre grand personnage de ce roman: la peinture et cet « élan qui portait les artistes vers la toile, ce besoin d’expression nettement plus sauvage, plus brutal selon elle que l’écriture ». La peinture qui va se loger partout, jusque dans les couleurs de l’appartement de Paris maquillé pour s’éloigner du souvenir, le rouge du tapis, le jaune de la table basse, ce sont les couleurs de Rothko qui viennent se nicher là.
Et puis cette passion qui ne laisse pas de trace, en apparence tout au moins, puisqu’il faut attendre le dénouement du roman pour connaître la belle trace de 17 ans.
C’est un livre fort sur la passion, ce genre de passion unique qui continue à couver même lorsque les apparences sont calmes, une passion-volcan prête à jaillir à tout moment, un Etna de sentiments comme nous aimerions tous en vivre au moins une fois dans notre vie.

Pascal Schouwey, journaliste.Image